L'homme est-il un être raisonnable par nature?
Dans notre société, on peut utiliser le mot « raison » avec plusieurs sens, et selon de différentes situations. Lorsque l’on dit « vous avez raison », on reconnaît que quelqu’un dit la vérité, et la raison se présente ici comme quelque chose que l’on peut détenir (ou pas) quand on fait une affirmation. Ou quand on emploie, par exemple, la phrase « il n’y a pas de raison pour que cela se produise », la raison s’insère dans une relation de cause et effet. Le concept philosophique qui nous intéresse est lié à ces deux usages, comme à d’autres également : la raison est ce qui nous permet d’expliquer et d’interpréter une réalité perçue, de formuler une idée, elle correspond aussi à la lucidité, étant la condition fondamentale pour la conscience intellectuelle et morale. Si la définition même de raison (et la mise en question de son efficacité) ne fait pas consensus, le doute est suscité : est-elle une caractéristique innée de l’être humain ?
Bien qu’ils n’aient pas tous un développement identique des capacités, la faculté de la raison paraît omniprésente chez tous les hommes. Tous les individus semblent raisonner selon des principes acceptés par la philosophie, comme le principe d’identité, ou le principe de contradiction. Les défenseurs de l’innéisme, comme Descartes, affirment que non seulement la raison, mais aussi certaines conceptions véridiques de la réalité font partie de la nature humaine dès la naissance. Quelques allégories de Platon développent l’idée que la vérité mathématique peut être apprise même par un individu sans aucune expérience d’instruction. Les mécanismes plus simples de la pensée rationnelle proviendraient de notre intuition et seraient le point de départ pour toute notre compréhension et notre représentation de la réalité, qui ne pourrait jamais être vérifiée sans ces idées naturelles et absolues, des repères.
Or, le problème de la vision innéiste est que, si les principes et les idées de la raison sont innés et, partant,