L'homme est-il comme les autres ?
L’espèce humaine, si «unique» soit-elle, n’a rien ébranlé dans la Nature au moment de son apparition. L’homme a la même origine que l’animal puisqu’il en est issu, mais cependant son apparition est une rupture fondamentale.
Première partie
Le phénomène humain n’a rien, en soi d’extra-ordinaire.
Terme provisoire de l’évolution d’une des branches de l’arbre de la vie, l’homme n’a aucun titre à se considérer comme différent des autres animaux. L’espèce humaine émerge exactement comme n’importe quelle autre espèce. L’homme est un phénomène comme un autre. Le monde minéral et le monde animé semblent deux créations antagonistes si nous les regardons à notre échelle. Mais si nous nous forçons, par analyse, à aller jusqu’à l’échelle de l’infime, nous sommes obligés de constater que le monde est une masse unique, un seul phénomène. Le caractère social de l’homme n’en fait pas un être à part. Parce que, dans la nature, les groupements d’individus organisés et différenciés sont relativement rares (abeilles, fourmis, guêpes, termites... et hommes) nous serions tentés d’y voir un trait exceptionnel. En fait, une observation attentive montre que ces groupements ne trahissent qu’une des lois de la Matière organisée. La «société» n’est que l’ultime méthode employée par le groupe vivant pour augmenter, par sa cohérence, sa résistance à la destruction. L’intelligence humaine n’a rien de spécifique. On remarque chez les animaux supérieurs des allures et des réactions qui rappellent étrangement ce dont les spiritualistes se servent pour définir «l’âme raisonnable» de l’homme. Ceci ne doit pas nous étonner: vers le sommet de la série, au voisinage de l’homme, il est inévitable que les psychismes se ressemblent.
«L’Homme, tel que la science réussit aujourd’hui à le reconstituer, est un animal comme les autres.» (Pierre Teilhard de Chardin - Le phénomène humain ) L’homme ne représente originellement que l’une,