L'homme du labrador de b. clavel: le thème de l'ennui
Dans le vieux Lyon des années 30, la serveuse du bar les Trois Marie retrouve chaque jour ses habitués. Lorsqu’un jour, un inconnu venu du grand nord vient leur raconter le Labrador, les clients sont envoûtés car il leur fait oublier l’ennui. L’ennui est en effet le point de départ de l’histoire. Il est une conséquence de la morosité du décor et des personnages, mais il est aussi lié à la routine du quotidien de ces gens ordinaires. Surtout, il est le résultat de vies dépourvues d’espoir, de désir et de véritable but.
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1) L’ennui, conséquence de la morosité
L’ennui est d’abord la conséquence de la morosité ambiante. Elle concerne le contexte de l’histoire, mais aussi les personnages. Le décor est celui d’un vieux quartier de Lyon dans les années 30, tout enveloppé d’odeurs de moisissures et d’égouts. Le quartier St Jean tisse sa toile entre le Rhône et la Saône traversés de ruelles étroites et d’immeubles vétustes. Il s’agit d’un univers plongé dans la grisaille et couvert d’un épais brouillard, de l’aube au crépuscule. Et au cœur de ce vieux Lyon, un bistrot tranquille, à la fois modeste et commun, tient lieu de rencontre aux protagonistes de l’histoire. La morosité tient aussi à l’époque et au marasme politique et économique de l’entre-deux-guerres. L’histoire débute en effet en 1937, dans une période difficile pour les ouvriers, victimes de la crise économique qui a suivi le crash boursier de 1929. Ils sont à l’origine des revendications sociales qui ont favorisé l’avènement du Front Populaire. Aussi, les grèves ouvrières qui paralysent la France font partie des préoccupations des clients du troquet. L’actualité internationale n’est pas plus réjouissante : la montée d’Hitler et du nazisme en Allemagne alimente les discussions, alors que l’avènement de Mussolini en Italie a favorisé l’immigration italienne… Mais la morosité est aussi et