L'historien fabrique-t-il l'évènement ?
L'Histoire joue un rôle fondamentale dans la constitution d'une mémoire collective. L'union d'une société tient autant à la puissance rationnelle du logiciel politique qui est le sien qu'à l'unité et à la cohérence des individus qui en sont les membres. Dès lors, on peut s'interroger sur les critères qui permettent de distinguer la mémoire de l'Histoire. Comment une nation produit-elle son roman national ?
L'Histoire est-elle instrumentalisée au nom d’intérêt partisan ? Qu'est ce qui soude une nation ?
La mise en procès de l'Histoire durant ces trente dernières années à travers les débats qui ont concernés la colonisation, l'esclavage ou la France de Vichy forme à ciel ouvert un horizon qui permet de mieux saisir la relation entre la politique, l'idéologie et la mémoire.
I) Les fonctions de l'Histoire
A) Historiens grecs et romains
L'histoire nait dès lors qu'il y traces écrites et documents.
Il faut en premier lieu distinguer l'histoire de la mémoire.
L'histoire est avant tout une « mise en récit » des évènements passés à partir d'une structure rationnelle établissant un lien de cause à effet entre différends facteurs.
Un événement est le produit de plusieurs causes.
La mémoire en revanche est un ensemble de souvenirs, d'images ou d'émotions, individuels ou collectifs, qui n'ont pas encore été filtré et intégré au grand récit national.
Mais l'histoire n'a pas toujours eu le même rôle dans les sociétés.
Les historiens grecs et romains, en particulier, n'avaient pas une idée de l'histoire similaire à la notre.
Ils rédigeaient une histoire hagiographique, c'est à dire une histoire qui donnait des personnages historique en exemple aux jeunes générations.
Plutarque, Les vies parallèles.
L'histoire a donc été durant de nombreux siècles un histoire hagiographique, en particulier sous les monarchies occidentales, dans lesquels l'historiographe du roi était chargé de faire le récit des faits et gestes