L’étranger raccrocha le récepteur et, un instant, demeura immobile, pensif. Soudain, il prit son parti et, rassemblant ses complices autour de lui : « Il s’agit de s’activer camarades » leur dit-il à voix basse, en commençant à se déshabiller fébrilement : «Ouste ! qu’on me donne la pelure de cet homme-là ». Du doigt, il désignait Store, toujours privé de sentiments. En un clin d’œil, celui-ci fut dépouillé de ses vêtements que son agresseur endossa, bien que ces vêtements fussent un peu petits pour sa taille. Ayant trouvé dans une des poches les clés de la caisse, il ouvrit ensuite la cabine, puis le coffre-fort dont furent extraits les sacs de numéraire, la serviette aux billets et les liasses de titres. Il achevait à peine quand on entendit une voiture qui s’arrêtait au bord du trottoir. Presque aussitôt on frappa aux vitres de la porte à demi recouverte par la devanture métallique. « Attention ! » dit rapidement le chef de cette bande d’étrangleurs, en commentant ses paroles de gestes expressifs : « Bas les manteaux ! Montrez vos vestons à vos places » et du coup d’œil : « Qu’on ne rate pas le premier qui entrera. » Et sans bruit : « Après porte close et qu’on n’ouvre qu’à moi. » Chargé de la serviette et de plusieurs paquets de titres, il s’était, tout en parlant, rapproché de la porte tandis que trois de ses complices s’asseyaient, sur un signe de lui, à la place des employés poussés d’un coup de pied sous le comptoir et que le quatrième se postait près de l’entrée. Il ouvrit cette porte d’une main ferme. Le vacarme de la rue parut grandir subitement. Une voiture de livraison s’était en effet arrêtée devant l’agence. Dans la nuit, on voyait briller ses lanternes. Le cocher resté sur son siège causait avec un homme debout au bord du trottoir. C’était cet homme, un encaisseur de la Central Bank, qui avait frappé à la porte quelques instants plus tôt. Sans se presser, évitant les passants dont le torrent coulait sans interruption, l’audacieux bandit traversa