L'herbe bleue
« Cher journal, aujourd’hui, c’est Noël et j’attends avec impatience le réveil de la famille pour que nous puissions tous déballer nos cadeaux. Mais avant, quand je suis encore toute seule, je veux consacrer quelques minutes à ce jour sacré, personnellement. Je veux faire mon examen de conscience et prendre des résolutions, pour pouvoir chanter avec les autres Oh ! venez les fidèles ! joyeux et triomphants, car je suis triomphante, cette fois je le suis vraiment ! »
(p. 91 – l. 13 à l. 22).
Dans ce passage, la narratrice partage ses pensées et ses sentiments avec son journal. Elle écrit ses réflexions immédiates au présent de narration ce qui donne l’impression que les faits se déroulent au moment où elle les dit.
C’est donc un « je » de narration. « Je » du protagoniste :
« J’en ai ma claque. J’ai envie de foutre le camp. J’ai les nerfs à vifs, je suis dans un tel état que c’est tout juste si je peux aller au petit coin toute seule. »
(p. 105 – l. 1 à l. 4).
Dans ce passage, la protagoniste décrit sa colère dans son journal. Elle y exprime ce qu’elle ressent au moment où elle l’écrit. Les verbes sont au présent d’énonciation.
C’est donc un « je » d’énonciation.
« La semaine dernière, nous avons vendu notre maison aux Dulburrow qui ont sept enfants. J’aurai préféré que nous la vendions à des gens qui n’auraient pas eu une telle marmaille. Ça me fait mal au cœur de penser à ces six garçons dévalant notre bel escalier en fourrant leurs pattes sales et poisseuses sur les murs, trainant leurs souliers crottés sur la belle moquette blanche de maman. Tu sais, quand je pense à ces choses, je n’ai plus envie de partir ! J’ai peur ! J’ai vécu dans cette chambre toute ma vie, tous mes quinze ans, cinq mille cinq cent trente jours. J’ai ri et j’ai pleuré, et j’ai gémi et marmonné dans cette chambre. J’y ai aimé des gens et des choses et j’en ai haï. Elle fait partie de ma vie, de moi-même. »
(p. 16 – l. 31 à p. 17 – l. 15)