"L'expérience n'est point un avantage (...) dans l'exercice de la vertu." dans manon lescaut
Discuter en tant que lectrice et lecteur des intentions d’un auteur qui met ou prétend mettre son écriture au service de l’éducation morale alors que son récit est clairement sulfureux : quoi de plus passionnant ?
C’est justement ce que nous allons faire grâce à Manon Lescaut et à la citation ci-dessus tirée de sa préface.
Renoncour, qui se présente comme l’auteur des Mémoires d’un homme de qualité défend le projet de son livre dont il pressent aussi, et là c’est l’Abbé Prévost qui apparaît en filigrane, qu’il déclenchera passion et censure.
Le premier mouvement de la phrase montre que si l’expérience devrait être la première application permettant de mettre à l’épreuve le sens moral et d’en sentir l’utilité , ce n’est pas toujours possible. La naissance, l’âge, la situation sociale, le parcours de vie et le hasard ne le permettent pas forcément. C’est pourquoi, et c’est là le second mouvement de la citation, l’exemple peut y suppléer en devenant lui-même une source d’apprentissage qui aidera chacune et chacun à se former des règles de vertu.
Autrement dit, quand l’expérience personnelle n’est pas possible, il reste la force de l’exemple des autres. Toutefois, dans le cas du projet qui sous-tend et justifie Manon Lescaut, cela implique que le lecteur en ressorte moralement fortifié et non pas séduit par l’immoralité des protagonistes.
Dans le roman de l’abbé Prévost, l’exemple donné à l’édification morale des lecteurs est celui du chevalier Des Grieux. Sa conduite, ses aventures et ses réflexions permettent aux lecteurs de s’interroger sur la moralité et l’immoralité et voir quelle déchéance entraîne le non-respect d’une conduite vertueuse. Une déchéance qui conduit par