L'europe en 1945
Il conviendra donc tout d’abord de dresser le tableau matériel et humain de cette catastrophe. Nous aurons également à nous interroger sur les conséquences territoriales du conflit dans l’immédiat après-guerre en examinant notamment de quelle manière les deux grands vainqueurs que sont les
États-Unis et l’URSS s’impliquent, chacun à sa manière, dans la construction d’un nouvel ordre européen.
I. Une Europe dévastée
1. Un bilan humain extrêmement lourd
La Seconde Guerre mondiale est, de loin, le conflit le plus meurtrier de l’histoire.
Sur un chiffre global qui avoisine 55 millions de victimes, l’Europe fournit la plus grande part (plus de 60 %). Vainqueurs et vaincus rivalisent dans l’ampleur de l’hémorragie : l’URSS a vu disparaître plus de 20 millions de personnes, l’Allemagne 7,6 millions, la Pologne 5,8, la Yougoslavie 1,8…
Ces saignées annoncent pour certains pays, comme l’URSS, de lourds déséquilibres démographiques qui pèseront sur l’avenir.
Chose nouvelle, les victimes civiles sont aussi nombreuses que les militaires.
L’extension territoriale des combats, leur durée, leur acharnement, le choix de privilégier les cibles urbaines, les perfectionnements croissants des moyens de destruction – y compris dans la mise au point par les nazis d’un processus d’extermination systématique – expliquent la lourdeur du bilan.
Le tableau doit être complété avec le recensement des millions de blessés, des populations affectées physiquement par les blessures de guerre, les privations ou les mauvais traitements, des réfugiés jetés sur les routes de l’exode (on estime leur nombre à 30 millions dans