L'euro, handicap ou atout en cas de crise grave ?
Gilbert Koenig*
Les pays européens qui font face à une crise grave de leur endettement public peuvent avoir l’impression que leur appartenance à la zone euro constitue plutôt un handicap qu’un atout. En effet, les pays qui disposent d’une monnaie nationale peuvent espérer résoudre leur crise d’une façon plus satisfaisante sur le plan économique et social en procédant à une dévaluation de leur monnaie et en menant une politique monétaire généreuse. Mais, la sortie de la zone euro risque d’être coûteuse sur le plan économique, politique et social. De plus, elle semble inutile, car ce n’est pas l’euro qui constitue un handicap, mais plutôt le mécanisme de résolution des crises retenue par l’Europe. En fait, la solution à une telle crise peut être trouvée dans le cadre de la zone euro par l’adoption de mesures de solidarité compatibles avec l’esprit de la construction européenne.
L’un des principaux avantages macroéconomiques attribué à l’euro réside dans sa capacité à protéger les pays membres de l’Union monétaire européenne des attaques spéculatives et des fuites de capitaux qui peuvent se manifester lors de crises économiques et financières graves. Or, cet avantage s’est révélé illusoire pour la Grèce, l’Irlande et le Portugal qui, malgré leur appartenance à la zone euro, ont fait l’objet de la défiance des opérateurs financiers sur leur capacité à rembourser leurs dettes. Il s’est même transformé en un handicap dans la mesure où ces pays ne peuvent espérer sortir de leurs difficultés financières qu’en faisant appel à l’aide internationale et en mettant en œuvre les mesures d’austérité sévères qui leur sont imposées en contrepartie de ces aides et dont les effets sur leurs finances publiques risquent d’être contraires à ceux attendus. Du fait du coût économique, politique et social important de cette solution, certains pays de la zone euro peuvent envisager de la quitter, alors que des candidats à l’euro peuvent