L'ennui dans madame Bovary
Les émotions font partie intégrante de la littérature. Emotions et littérature sont en effet intrinsèquement liés car les personnages littéraires sont la plupart du temps des êtres sensibles qui ressentent et expriment différents types d'émotions en fonction des événements qu'ils traversent. Le lecteur à son tour est soumis à des mouvements émotionnels en se projetant sur les personnages ou au contraire en se distançant de ces derniers. La littérature est donc une grande source de connaissance de l'humanité et de son fonctionnement puisque les émotions sont universelles, ressenties par tout un chacun.
Cependant la façon dont sont perçues les émotions diffère d'un individu à l'autre. Cette perception dépend en effet de la nature d'une personne ainsi que de son vécu. La littérature en permettant au lecteur d'être témoin de situation qu'il ne connaît pas, voir de s'y projeter, lui apprend comment fonctionne les émotions. La lecture d’œuvres littéraires permet aussi de prendre de la distance avec ses propres émotions, de mieux les appréhender grâce au jugement et aux facultés d'analyse du lecteur qui sont souvent altérées dans les situations qui le concerne personnellement.
Madame Bovary à travers ses personnages et en particulier celui d'Emma offre une grande palette d'émotions décrites de manières très fines. L'ennui y occupe une place prépondérante. L'héroïne est souvent en proie à ce sentiment provoqué par une profonde insatisfaction. Sa vie lui semble d'une monotonie écrasante car ses rêves et ses désirs sont en décalage avec la réalité de son existence.
La notion de bovarysme de Jules Gaultier cité par Per Buvik dans « Le principe bovaryque »1 procède aussi d'un décalage avec la réalité. Le bovarysme a pour acception première « évasion dans l'imaginaire par insatisfaction ». Jules Gaultier le définit comme « le pouvoir qu'à l'homme de se concevoir autre qu'il n'est ». Bovik parle de ce bovarysme « comme un pouvoir auquel