L'enfant sauvage
En 1959, dans Les 400 Coups, François Truffaut peint la vie d’un enfant espiègle en quête de liberté dans le Paris de l’Occupation. Ce gamin en manque d’attention obéit à ses propres règles dans la ville, c’est en cela qu’il ressemble aux enfants sauvages qui font de même dans la nature. Ces derniers intriguent depuis longtemps les écrivains, scientifiques, etc. pour l’intérêt qu’ils offrent à la compréhension de l’être humain.
C’est en 1970, soit dans une période de bouleversements idéologiques en France, que sort le film de Truffaut, L’Enfant Sauvage. Tourné volontairement en noir et blanc, il retrace une partie de l’histoire de Victor, enfant retrouvé à l’état sauvage dans une forêt de l’Aveyron et étudié dès 1800 par un médecin français, Itard, fondateur de la psychiatrie de l’enfance.
Dans la société française de la fin des années soixante, début soixante-dix, qu’est-ce qui a déclenché chez Truffaut l’envie de faire ce film ? Comment s’y est-il pris pour le réaliser ? Un siècle et demi auparavant vivaient Itard et Victor. Quelle est la relation de cette histoire avec le mythe de la naissance du héros développé par Otto Rank ? Comment Truffaut l’a-t-il retranscrite à l’écran ?
D’abord frappé par un article de journal traitant du livre de Lucien Malson sur ce jeune sauvage, Truffaut se lance par idéologie et intérêt à faire un film sur cet enfant dont l’histoire est atypique. Puis il met de l’ardeur à le réaliser et y intègre de nombreuses références mythiques, tout en centrant l’action sur la relation entre Itard et