L'eau dans l'alena
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L’Amérique boit trop Jean Fiawoumo L'Ouest et le Sud des Etats-Unis, avec leur climat aride et des réserves d'eau douce surexploitées, risquent la grande soif. Les pompages en Californie excèdent de 15 % la capacité de renouvellement des nappes phréatiques. Depuis la Seconde Guerre mondiale, la population de l'Etat est passée de 7 à 34 millions d'habitants et sa consommation d'eau a augmenté de 41,5 % en vingt ans. En Floride, elle a crû sur la même période de 58,2 % et de 70 % en Arizona. La réserve géante de l'Ogallala (carte ci-contre), martingale des puissants farmers du Middle West, pourrait, à force de sollicitations, être épuisée dans la seconde moitié de ce siècle. A l'ampleur des prélèvements agricoles qu'aucune vérité des prix n'incite à maîtriser - dans l'Arizona, l'eau est facturée aux exploitants deux millièmes d'euro le mètre cube, alors que son prix de revient est de 17 centimes - s'ajoute une population qui continue de croître et dont le mode de vie est fort gourmand en eau. Rien d'étonnant alors si ces Etats assoiffés lorgnent sur l'or bleu du Canada. Le voisin du nord possède 20 % des réserves mondiales d'eau douce - et 9 % des ressources renouvelables -, qui plus est très faiblement exploitées. Alors l'équation est simple : puisque l'eau se raréfie aux Etats-Unis, pourquoi ne pas l'acheter là où elle abonde ? L'idée n'est pas nouvelle. Devant un tel marché potentiel, nombre de promoteurs ont initié des projets d'exportation d'eau par bateau, encouragés par certaines provinces canadiennes qui y voyaient une manne pour gonfler les budgets publics locaux. La Colombie-Britannique a ainsi accordé, durant les années 80, des licences pour l'exportation d'eau à six entreprises, tandis que Terre-Neuve lançait en 1991 des appels d'offres pour l'exploitation des eaux du lac Gisborne. Ce commerce embryonnaire et surtout l'accord de libre-échange