L'amitié, forme idéale du rapport à autrui ?
A première vue, l’amitié pourrait bien constituer la relation idéale à autrui, car elle semble être une véritable relation de sujet à sujet, où l’autre m’apparaît comme mon alter ego, que je peux chercher à connaître et comprendre, notamment par le biais de la confiance et de la confidence. Pourtant, est-il possible de vraiment comprendre autrui, même s’il est mon ami, dans la mesure où sa subjectivité me restera à jamais mystérieuse ? De plus, considérer l’autre comme un alter ego ne risque-t-il pas de pousser à oublier, voire nier, son altérité, c'est-à-dire ce qui fait que, aussi proches soyons-nous, il reste à jamais autre que moi-même ?
PLAN :
1- L’amitié ne peut-elle pas constituer la relation idéale à autrui dans la mesure où elle peut se définir comme un amour sans désir, c’est-à-dire comme une relation où on reconnaît l’autre dans sa subjectivité sans chercher à le posséder comme un objet ? Dans l’amitié, n’échappe-t-on pas au jeu de séduction qui ressemble toujours fort à une «lutte pour la reconnaissance» ?
2- Pourtant, l’amitié peut-elle permettre de comprendre vraiment autrui ? Sa subjectivité ne me reste-t-elle pas toujours mystérieuse et insaisissable, même si je connais bien l’être objectif de mon ami, et aussi complices et confidents puissions-nous être ?
3- Finalement, l’amitié, qui repose sur une sympathie pour l’autre, cad fondamentalement sur une tentation d’identification à lui, ne risque-t-elle pas de me donner l’illusion que je le comprends alors que c’est faux ? Ne me pousse-t-elle pas à considérer mon ami comme mon alter ego, c’est-à-dire à risquer de nier son altérité, même si je reconnais sa subjectivité