L'alternence codique
Le cadre théorique dans lequel je m’inscris pour l’emploi des termes d’emprunt, d’alternance codique et de calque est le suivant :
- l’emprunt est employé ici pour désigner « un élément d’une langue intégré au système linguistique d’une autre langue ». Les emprunts à une langue épousent donc le système
(morphologique, syntaxique, et, selon les cas, phonologique) de l’autre langue (Poplack,
1988 ; Hamers & Blanc, 1983) : Er hat das gefixt (‘il l’a arrangé’) (Gumperz, 1989 : 65).
- le calque désigne « une construction transposée d’une langue à l’autre », par ex. tomber en amour au Québec, de l’anglais ‘fall in love’ ; ou lire entre les règles (pour lire entre les lignes), du néerlandais ‘tussen de regels lezen’) produit par un néerlandophone (Hamers &
Blanc, 1983).
- l’alternance codique est entendu ici comme « la juxtaposition, à l’intérieur d’un même échange verbal, de passages où le discours appartient à deux systèmes ou sous-systèmes grammaticaux différents » (Gumperz, 1989). Elle peut être intraphrastique (à l’intérieur d’une même phrase)1, (inter-)phrastique (une alternance de langues au niveau d’unités plus longues, de phrases ou de fragments de discours) ou extraphrastique (lorsque les segments alternés sont des expressions idiomatiques, des proverbes).
Les mélanges de langue attestés dans les deux corpus
Alternances codiques
En ce qui concerne les alternances codiques en général, il s’avère que les deux ensembles de corpus en contiennent.
1 Pour l’alternance codique intra-phrastique, je ne considèrerai ici que l’alternance « fluide », dite encore
« véritable », et non l’alternance « spécialisée » ou « balisée » (« flagged ») pour laquelle le débit de parole est interrompu à la frontière de l’alternance (Poplack, 1988). De plus, je me réfère ici à la distinction énoncée par
S. Poplack (1988) entre alternance intraphrastique et emprunt, suivant la contrainte de l’équivalence :
« l’alternance peut se produire librement