L'africain
Le corps
A huit ans, le narrateur – qui n’est autre que l’auteur lui-même – arrive en Afrique, à Ogoja, à l’ouest du Nigéria où il n’y a pas d’autres Européens que les membres de sa famille.
C’est alors la découverte de la réalité des corps, des sensations, de la liberté après l’enfermement des années de guerre dans l’appartement de la grand-mère à Nice.
C’est le jardin, la rivière, la plaine, les orages.
Le père est médecin, seul à exercer dans un rayon de soixante kilomètres. Pour la famille, il n’est pas question de vie mondaine ; pour les enfants, ni école, ni clubs.
Termites, fourmis etc.
La maison est une case de parpaings, couverte de tôle ; elle donne l’impression qu’on y est embarqué comme sur un bateau.
Le père fait régner une discipline militaire, mais, en son absence, pendant les longues heures du jour, c’est la liberté pour les garçons : courir pieds nus dans les hautes herbes, rêver devant l’immensité de la plaine, même s’acharner contre les termitières pour évacuer sa rage, pour exprimer sa puissance, l’urgence qu’il y a à être libre après l’enfermement dû à la guerre, l’interdiction de jouer.
Mais, cette puissance rencontre une autre puissance, encore plus forte : celle des fourmis.
Les insectes sont partout, cancrelats, scorpions ; source de jeux pour les enfants, de haine pour le père.
La nuit, la maison est une cabine de bateau fermée contre les armées d’insectes en marche.
L’Africain
Le narrateur a huit ans quand il fait connaissance avec son père. C’est un homme usé. Pendant la guerre, il avait essayé de traverser l’Afrique pour rejoindre sa famille en France, en vain. Il était alors resté coupé du monde.
A la fin de ses études de médecine, il avait demandé une affectation en Guyane pour fuir une société médicale européenne hautaine et méprisante. Resté en Angleterre, il aurait peut-être été différent.
Lors de leur première rencontre, le narrateur trouve que son père est raide,