l'abbe prevost
Il fréquente les milieux matérialistes (le salon de Mme Doublet notamment), mais ses doutes religieux ne le conduisent pourtant pas à l'athéisme
Né dans une bonne famille de magistrats et d'ecclésiastiques, il étudie chez les jésuites. Il fait une fugue en 1712, et s'engage dans l'armée. Il revient à l'Église, s'en éloigne, puis prononce ses vœux chez les bénédictins de la congrégation de Saint-Maur. l'Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut. L'œuvre eut un destin éclatant : admirée par tous, de Sade à Goethe, elle donna à l'opéra (Puccini, Massenet) et à l'écran (Clouzot) une de leurs héroïnes les plus populaires. On a vu en Manon la femme fatale qui détourne son chevalier du droit chemin et le pousse à tricher au jeu, la courtisane qui le jette dans les milieux interlopes de la fin du règne de Louis XIV. Mais cette femme, légère et inconséquente, à en croire la critique, sait, bien mieux que son amant, qu'on ne saurait vivre d'amour et d'eau fraîche. Le point de vue de Des Grieux, qui est le narrateur principal, n'ordonne qu'en apparence l'ensemble du récit ; d'autres voix se mêlent à la sienne, celle de Manon, celle de Tiberge, celle de l'« homme de qualité » à qui s'adresse le chevalier. L'art de Prévost consiste à débouter Des Grieux de son autorité de narrateur. Et, si l'on a pu tirer de ce récit tant de « leçons » différentes, c'est précisément qu'il n'en donne pas et abandonne les discours au libre jeu de leurs confrontations.