J'étais un chef de gang
Lamence Madzou, un jeune homme originaire du Congo devenu un « jeune de rue » d’une cité HLM du sud de l’Essonne. Si sa carrière délinquante, qui l’amène dès l’âge de quinze ans en prison (sept incarcérations entre 1987 et 1996), constitue le fil conducteur de son récit, de nombreuses dimensions sociales souvent plus ou moins liées à celle-ci sont néanmoins abordées : les épreuves de l’émigration/immigration, les tension familiales, l’expulsion du territoire français et le retour forcé dans le pays d’origine entraînant la découverte d’une
Afrique ravagée par la guerre civile, les amours d’un « chef de gang », le clientélisme politique symbolisé dans l’ouvrage par le « système Dassault » de Corbeil-Essonnes (mis en place dans les années 1990) et par les connexions entre l’association « SOS Racisme » et l’Elysée (années 1980) visant à récupérer « la Marche pour l’Egalité » de 1983 (devenue « la
Marche des Beurs »), le déclin rapide des idéaux fraternels et pacifistes portés par la jeune
« Zulu Nation » issue du Bronx et arrivée à Paris au milieu des années1980…
Lamence Madzou nous propose un voyage dans un « monde de bandes », plutôt que dans un « monde de gangs » comme l’indique le titre de l’ouvrage, ce qui explique que la seconde partie du livre, rédigée par la sociologue Marie-Hélène Bacqué, s’intitule « Voyage dans le monde des bandes » et non dans celui des « gangs » (de rue). La terminologie « gang » semble exagérée si l’on considère que les gangs de rue américains, brésiliens, salvadoriens, sud-africains, etc., définissent et restreignent les possibilités d’usage du terme de « gang » : corruption politique et policière à l’échelle locale, activités associatives et caritatives