A toi pour toujours
Dix ans plus tard, elles se souviennent. Manon n'est plus qu'une ombre recluse, elle n'a pas bougé depuis le décès des parents. Sa soeur la traite de bonne soeur. Il faut dire qu'avec un chapelet aussi évident... Carmen, elle, est devenue chanteuse western, elle chante au public les mêmes sempiternelles chansons dans tous les bars miteux de la Main. Elle prétend qu'elle est heureuse : elle s'est sûrement plus réalisée que sa soeur. En dix ans, elle a évolué. Nous sentons parfois que ce sort qu'elle prétend trouver beau est lourd à porter, demeure aliénant. Mais Carmen cherche désespérément des solutions aux questionnements qui la tarabustent. Que sa soeur la traite de "Putain sur la rue St-Laurent" n'y change rien. Carmen est en mouvement, Manon est pétrifiée, prise au rêts du passé.
Cette pièce a valeur de symbole. Devant une société en constant changement, deux attitudes prévalent généralement : se fermer, s'isoler, refuser d'évoluer ou encore plonger, au risque de perdre son identité, mais en courant également la chance de la voir survivre, transmutée, mais bien vivante. À l'aube de l'an deux mille, c'est une leçon qui vaut