A propos de l'expérience de perte d'objet
Dans le séminaire, la relation d’objet, (1957-1958), Jacques Lacan apporte une rectification fondamentale, une subversion dirais-je, à la conceptualisation de l’expérience de la perte d’objet, telle qu’elle était jusque là considérée par la communauté analytique.
Il va ainsi caractériser les trois manques d’objet : privation, frustration et castration, et, dans la séance capitale du 27 novembre 1957, il nous indique la façon dont nous pouvons articuler le processus de frustration dans le manque d’objet. Ici, nous allons mesurer l’opposition radicale entre la perspective lacanienne qui s’efforce de restaurer l’acuité de la démarche freudienne et la conceptualisation de Mélanie Klein à propos de la perte d’objet, que celle-ci considère comme étant la cause de la structuration psychique du sujet.
Pour Mélanie Klein la perte d’objet est à l’origine de la position dépressive qui, à ce moment est la position centrale du développement de l’enfant(Essais de Psychanalyse ; p.340 et suivantes: contribution à l’étude de la psychogenèse des états maniaco-dépressifs). Ce concept est donc pour elle d’une importance centrale, car il s’agit du carrefour qui signe l’accès du sujet à la position symbolique.
Une modification progressive dans la perception de l’objet tend à s’imposer. De la relation à un objet partiel, on passe à la relation à un objet complet. Le jeune enfant, qui, jusqu’alors, ne percevait l’objet que par la médiation des différentes parties de son corps, découvre sa mère comme un objet total. La signification de cette perspective nouvelle qui, à partir de la mère, va s’étendre à la totalité du monde extérieur, est fondamentale.
C’est le passage du sein, prototype de tous les objets avenir, à la mère, avec pour conséquence principale, « le ressenti d’une perte totale. La question qui, maintenant se pose à nous est de savoir pourquoi cette expérience