A la recherche de références théoriques
Lors de nos premières interventions sur le terrain, nous avons rapidement compris que nous ne pourrions nous référer aux seules approches théoriques relatives à la clinique du toxicomane.
Ainsi, la règle de la libre adhésion du sujet à un projet de soins, afin de travailler l’ambivalence souvent constatée dans la demande des toxicomanes, ne pouvait s’appliquer dans ce contexte que nous découvrions.
La nécessité de la mise à distance de l’entourage apparaissait tout autant questionnable.
Nous pouvions même observer bon nombre de ces principes comme autant d’outils, non seulement inutiles, mais également réducteurs de la complexité des problèmes à considérer.
Il nous a fallu rechercher d’autres références théoriques relatives à ce que nous constations sur le terrain. A propos de la question de la drogue, Félix Guattari écrivait : “ Le cadre le plus général du problème, selon moi, tient au fait que les anciens modes de territorialisation se sont effondrés. Il y a des phénomènes du type de ce que j'appelle des "échos de trou noir" qui conduisent les gens à se raccrocher coûte que coûte à des territorialités, à des objets, à des rituels, à des comportements de rechange, fussent-ils les plus dérisoires ou les plus catastrophiques.
De ce point de vue, on peut situer dans la même série aussi bien la passion d'un jeune pour sa moto ou pour une musique rock, la passion d'une enfant pour ses poupées, celle d'une bande de quartier pour ses emblèmes, l'investissement des biens de consommation par une ménagère, des fonctions hiérarchiques par un cadre, des promotions etc…
La question de la drogue se déplace alors sur celle des voies de passage entre les différentes drogues sociales, matérielles, psychologiques, etc… Pourquoi les gens vont-ils se reterritorialiser sur une chose plutôt que sur une autre, pourquoi opteront-ils pour une voie "socialitaire" plutôt que s'adonner à des pratiques qui auront des conséquences