Yvain ou le chevalier au lion
Par les soirs bleus d'été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, heureux, – comme avec une femme.
Le chevalier […] s’en vint jusque devant le roi qui siégeait parmi ses barons. Il ne salua pas mais il lui dit :
« Roi Arthur, je retiens en mon pouvoir une part de ta terre et des gens de ta maison : chevaliers, dames et pucelles, mais je ne t’en donne point de nouvelles avec intention de te les rendre. Au contraire, je veux t’apprendre que tu n’as ni force ni bien par quoi tu les puisses ravoir. Et sache bien que tu mourras sans avoir pu les secourir. »
Croc-Blanc, lui, venait tout droit de la nature sauvage où les faibles ne font pas de vieux os et où l’on ne peut compter sur aucune protection. Ni chez son père, ni chez sa mère, il n’y avait eu la moindre trace de faiblesse, pas plus d’ailleurs que dans toutes les générations dont ils étaient issus. Une constitution de fer et une sauvage vitalité, tel était l’héritage de Croc-Blanc, et il s’accrochait à la vie de tout son être, il s’y consacrait entièrement, corps et âme, avec une obstination qui avait jadis été commune à toutes les créatures.
Elle paraissait avoir une vingtaine d'années. Elle était grande, blanche, les yeux bleu foncé, la bouche rose, les