Wajdi Mouawad Incendie
Si l'on en croit Florence Goyet, le premier mouvement de l'épopée consiste à simplifier les problèmes présents au sein de l'intrigue, à lisser les contradictions. Au sein d'une épopée cela se manifeste notamment par la présence des formules et des«scènes types», qui semblent mettre le monde en ordre par leur répétition satisfaisante pour l'esprit. Toutefois au sein d'Incendies, l'intrigue apparaît d'emblée bien complexe: Deux jumeaux se découvrent l'existence d'un père et d'un frère par l'intermédiaire du testament de leur mère, cette dernière s'étant enfermée dans un mutisme inexpliqué durant ses dernières années. En plus de cette intrigue qui débute avec son lot d'énigmes, la pièce de Mouawad n'est pas linéaire: Le passé de Nawal s'entremêle avec le présent, au sein d'une même scène peuvent intervenir des personnages se trouvant au Liban au temps de la guerre et d'autres se trouvant au Québec contemporain, personnages qui se croisent souvent sans se voir. La manière dont se présente la pièce de Mouawad ne manifeste apparemment aucune prétention à la simplicité. Le spectateur, immergé dans cette intrigue complexe où nombre de mystères sont à débrouiller, est ainsi à l'affût du moindre indice. C’est la complexité même qui constitue un appui à la simplification, en ce qu’elle rend le spectateur enclin10à accepter tout élément rassurant :