Voyages
Histoire du texte et classification des comptes
L’Harmattan, Paris, 2008
De Aboubakr Chraibi
P 148
La poésie est le plus souvent présente dans les Mille et une nuit sous forme de discours seconds, de témoignages ou de gloses, d’appels à une autorité capable de traduire les sentiments, les enthousiasmes, les réticences, les visions du personnage, au sens propre du terme (description de ce que le protagoniste voit, « laisse » voir ou « devrait » voir : beau jeune homme, belle jeune femme, jardin magnifique mais aussi la règle d’adab, de zarf…) et plus rarement , mais de manière saisissante et plus dramatique, de traduire aussi la KHATRA ou le KHATIR, la pensée claire, entière et soudaine d’un homme inspiré ; le poème révèle alors l’existence de ce qui était soustrait à la connaissance , dissimulé dans les replis du temps , du passé ou du futur, et dans les espaces lointains et secrets, et qui était normalement hors de la portée. Le poète, en ces occasions se transforme en devin. C’est ce que semble paisiblement dire la littérature arabe, qui a hérité du statut particulier accordé à l’époque préislamique aux poètes, porteurs d’une parole magique aux résonances étranges. Leurs capacités divinatoires (voir N° 296…99) s’expliquent alors par le fait qu’ils se comportent comme porte parole d’un instance supra- humaine, Dieu ou démon qui leur inspirent ce qu’ils disent. Ce motif est fréquent chez d’autres civilisations comme pour les Muses d’Hésiode capables de dire « ce qui est, ce qui sera et ce qui fut ».
P 159 : Le religieux ou le Zuhd
C’est dans le livre d’ibn al jawazi, assez peu connu, que toutes les religions sont mises en exergue : ‘Uyûn al hikayat ou sources de l’histoire. On y trouve des corpus importants sur le thème de l’ascèse, avec des textes juifs, chrétiens et musulmans mais aussi avec des actions miraculeuses réalisée par certains hommes de Dieu (karamat al awliya) tantôt sous le signe du mysticisme, (l’esclave