Victor hugo
Il fallait oser confronter le monde de Balzac et la Chine de Mao : Dai Sijie, réalisateur renommé qui vit en France, a réussi cet improbable pari et on lit avec enthousiasme et frénésie ce premier roman parfaitement maîtrisé.
Personne n'aurait jamais su que l'amour existait, si le poète n'en n'avait pas parlé, affirmait Marguerite Yourcenar. L'histoire que nous raconte Dai Sijie dans Balzac et la petite tailleuse chinoise nous prouve lui, s'il en était besoin, que l'amour est bien autre chose qu'un artifice poétique. Dai Sijie nous entraîne dans un monde terrible, parce qu'absurde, où l'interdit entrave jusqu'aux sentiments les plus simples, où les hommes perdent tout, même leurs rêves. Le livre n'y a pas droit de cité, ou alors seulement les livres du grand Timonier.
L'initiation de ces trois personnages par la lecture et l'ouverture à des mondes dont ils ne soupçonnaient pas l'existence sont d'autant plus exaltantes, qu'ils s'y découvrent comme s'ils étaient les premiers hommes à faire cette double expérience.
Ce qui fascine dans ce roman simple et limpide, dont le sujet est là, c'est qu'il nous fait sentir à nouveau, à nous lecteurs occidentaux, l'émoi du premier livre, et nous fait redécouvrir la puissance des mots qui défilent sous nos yeux, le pouvoir d'un livre enfin quand on le lit comme si on était le premier et l'unique lecteur.
Pour un retour à ces sources de jouvence, lisez ce roman