VICTOR HUGO, LES MISÉRABLES
Amorce : Parmi tous les personnages « misérables » peints par Hugo, ce sont surtout les enfants qui suscitent sa bienveillance et sa pitié : Gavroche, mais aussi [présentation du texte] Cosette, âgée de huit ans, qu'il décrit alors que ses tuteurs, les Thénardier, l'ont envoyée en pleine nuit dans la forêt voisine pour remplir un seau d'eau. Annonce des axes : Pour rendre compte de l'angoisse de l'enfant, Hugo métamorphose la forêt en un décor nocturne terrifiant et, par une généralisation caractéristique de la vision romantique du monde, donne à la marche de la fillette une forte valeur symbolique.
I. La métamorphose terrifiante du monde
Hugo peint une forêt la nuit, les « nuages noirs », « une grosse étoile » et la végétation (« grands branchages », « hautes herbes », « ronces », « bruyères sèches ».). Mais ce décor est décrit à travers le regard d'une enfant apeurée qui a l'impression d'entrer dans un monde terrifiant.
1. Des éléments inquiétants
Certains détails rendent cet environnement hostile : les « nuages », le « vent », la « bise », « l'obscurité » et les « ronces ». La dominante noire (« fuligineuse », « ténèbres », « ombre »), associée à la « rougeur horrible », donne au tableau une atmosphère sinistre.
Presque chaque élément du décor est assorti d'un adjectif qui le rend plus effrayant : les « nuages » sont « noirs », le « vent » est « froid ». Tout est rapporté à la petite taille de Cosette et prend une allure gigantesque : les « nuages » sont « vastes », les « branchages » « grands », les « herbes » « hautes », les bras des « ronces » « longs » ; Jupiter est une « grosse étoile ».
C'est aussi parce que ce monde lui est inconnu qu'il effraie Cosette, « égaré(e) » : ainsi, de la planète Jupiter, Hugo précise qu'« elle ne [la] connaissait pas » ; le pronom indéfini « quelque chose (qui arrivait) » semble cacher des réalités effroyables parce qu'indistinctes. « L'épaisse couche de brume », « l'opacité fuligineuse » et les « nuages »