Vers des politiques publiques « eurorégionales » ? le cas de l’eurorégion alpes-méditerranée
Vers des politiques publiques « eurorégionales » ? Le cas de l’Eurorégion Alpes-Méditerranée
Forte d’une population de plus de 17 millions d’habitants et d’un PIB estimé à 490 milliards d’euros (devant la Belgique et la Suède), l’Eurorégion Alpes-Méditerranée est la plus grande eurorégion de l’Union Européenne. Elle vient récemment de se doter d’un nouvel instrument juridique européen, le GECT, qui permet et officialise la coopération territoriale. L’Eurorégion Alpes-Méditerranée est composée de cinq régions situées de part et d’autres de la frontière franco-italienne : deux sont françaises (Région Rhône-Alpes et Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur), les trois autres sont italiennes (Regione Piemonte, Regione Autonoma Valla d’Aosta et Regione Liguria). Les ambitions de l’Eurorégion sont simples et concises :
« Les Régions de l’Eurorégion Alpes Méditerranée souhaitent affirmer leur rôle en Europe, peser concrètement sur les institutions européennes et développer des projets communs »[1].
Cette nouvelle entité juridique et politique interroge quant à sa capacité à organiser et mener des missions cohérentes et des programmes d’action « eurorégionaux ». S’il semble a priori prématuré de parler de « politiques publiques », il est relativement aisé de retracer la genèse de l’Eurorégion et d’en apprécier les embryons d’actions communes. Dans ce dessein, il s’agit dans un premier temps de resituer les conditions de création de l’Eurorégion dans un contexte historico-politique favorable. Dans un deuxième temps, nous nous pencherons sur les objectifs et les moyens concrets mis en place par l’Eurorégion. Enfin, pour en saisir la « substance »[2], nous étudierons l’un des projets phares et avancés de l’Eurorégion : le projet AERA (Air Environnement Régions Alcotra).
1. « La transformation du concept d’espace politique »[3]
La pullulation des coopérations transfrontalières en Europe résulte d’un double processus politique initié dans