Verlaine - Mon rêve familier (texte + commentaire)
Objet d’étude : Écriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à nos jours
Auteur : Paul VERLAINE
Œuvre : « Mon rêve familier », Poèmes saturniens, 1866
MON RÊVE FAMILIER
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime, Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon cœur, transparent Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? — Je l’ignore. Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore, Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L’inflexion des voix chères qui se sont tues.
Lecture analytique
Objet d’étude : Écriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à nos jours
Auteur : Paul VERLAINE
Œuvre : « Mon rêve familier », Poèmes saturniens, 1866
Proposition d’introduction : L’influence maléfique de Saturne est bien connue des astrologues. Lorsqu'à vingt-deux ans, en 1866, Paul Verlaine fait paraître son premier recueil poétique et qu'il l'intitule Poèmes Saturniens, il se place consciemment sous le signe de la fatalité, de la tristesse et de la mélancolie.
Dans le poème qui s’intitule « Mon rêve familier », qui se trouve dans la première section du recueil (qui a pour titre « Melancholia »), le poète pleure un passé imaginé et reconstruit, où il vivait en parfaite harmonie avec une femme singulière, à la fois muse, mère et amante. Ce passé révolu, davantage rêvé que vécu, devient, ici, un véritable chant élégiaque. Nous allons donc voir comment Verlaine s’y prend pour mettre en scène, dans ce sonnet, la figure féminine.
Pour cela, nous verrons dans un premier temps que le rêve est le