venise la rouge de musset
Alfred de Musset, poète et dramaturge romantique, vit avec George Sand une passion tumultueuse de 1833 à 1835. De Venise à Paris, en Italie et en France, ils ne cessent de seséparer pour mieux se retrouver. C'est à Venise, à l'occasion de leur première rupture, qu'il écrit « Il faudra bien t'y faire... », sonnet dans lequel il exprime sa douleur face à la séparation et à lasolitude. Ce poème fut publié de façon posthume en 1866. Nous verrons dans un premier temps comment s'exprime la douloureuse expérience de la solitude, puis, dans un second temps, nous montreronsque le poème permet de s'élever au-dessus de l'expérience personnelle pour atteindre un lyrisme universel.
A/ L'expérience douloureuse de la solitude
1/La solitude
On remarque le champ lexicalde la solitude dans le poème. « Solitude » doublement mis en valeur au premier vers (construction redondante, le pronom « y » double « solitude » ; position à la rime) ; « déserte » ; « fuit » (cesdeux termes sont mis en évidence à l'hémistiche). Le poète réduit à la solitude ne peut que se parler à lui-même. Le pronom de la deuxième personne (« t' », « Tu », « Toi »), nécessaire audialogue, désigne son propre coeur (« Pauvre coeur insensé », « ô mon coeur »). La pointe du poème souligne l'impossibilité d'une rencontre avec l'autre, quel qu'il soit (emploi du pronom indéfini « on »,futur de certitude, négation comme dernier mot du poème).
2/La souffrance
Dès le premier quatrain, le verbe « souffrir » est mis en valeur par : l'hyperbole (« si bien souffrir »), l'antithèse(« si mal aimer » vs « si bien souffrir ») et une allitération en [s] dans le vers 3. Ce verbe est prolongé par un champ lexical de la souffrance dans l'ensemble du poème
(« Pauvre », « guérir »,accompagné d'une négation, « triste »). La construction atypique du schéma des rimes dans le sonnet (abba, baab) attire l'attention sur les mots placés à la rime (« solitude » et « rude » ou «... [à