Utopie
Je passais devant mes camardes de lycée, ils criaient tous dès que l'un d'entre nous fut interpelé pour recevoir son diplôme. Ils étaient tous heureux de pouvoir quitter ce lycée, commencer leur vie, ils avaient tous un projet et allaient sûrement entrer dans de grandes universités réputées pour faire de longues études. Leur avenir était déjà tracé tout comme le mien. Au fond de la salle, mes parents s'étaient levés, à travers leurs yeux brillants s'y reflétait la fierté de la personne que j'allais enfin devenir pour eux. Des réminiscences me revinrent. Alors que je n'étais encore qu'une enfant, mon père avait l'habitude de m'emmener avec lui lorsqu'il partait travailler dans son cabinet. Je m'asseyais à sa place de bureau, portant sa robe d'avocat je l'imitais, ce qui le faisait beaucoup rire étant donné ma petite taille. Il terminait toujours par me dire : « Un jour, ce sera ton bureau, tu deviendras une grande avocate aussi douée que moi. » Le problème, c'est que depuis toutes ces années il ne m'a jamais interrogé sur ce que moi j'aurais voulu devenir. Pour lui, il était évident que je reprenne l'affaire familiale. Trois mois s'étaient écoulés depuis la remise des diplômes. J'avais fait ma rentrée à l'École des Avocats de Paris comme l'avait fait mon père. Les évènements s'enchaînaient et m'amenait à une carrière encore plus fulgurante que la sienne. Mais je n'avais plus aucune motivation.
Un matin d'octobre, je me réveillais en sursaut. Les idées qui se bousculaient dans ma tête jusqu'à maintenant devinrent enfin claires. Lassée de ce quotidien, l'esprit vide, j'attrapais une valise et la remplis de tous les vêtements qui pouvaient traîner dans ma chambre. J'avais pris la décision de partir, de tout quitter. Je voulais bouleverser ce destin si inévitable qui m'était réserver, du moins essayer. Avant de fermer la porte, sur mon oreiller, je déposais une lettre d'adieu : « Maman, papa, Je sais que je n'ai jamais su oser vous dire ce