L’on pourrait, à l’infini, multiplier les exemples de préjugés dans ce roman qui, selon la note de l’éditeur Pocket, à la quatrième page de couverture, fait figure de témoignage, dans une société où les relations interraciales étaient enfouies dans un discours lénifiant imposé par les Blancs.35 Ainsi donc le roman de contestation de la situation coloniale donne un « gros plan » de l’altérité, entendue comme l’ensemble des différences perçues dans les relations avec l’autre. L’inter culturalité est vécue dans une atmosphère de clivage social. Le récit a mis en scène, en les opposant, deux modes de vie, deux peuples qui ont bâti leurs relations sur des préjugés inégalement sentis et vécus par les uns et les autres tantôt dans l’indifférence tantôt dans la douleur et l’humiliation. C’est un violent choc que vit le nègre dont les droits les plus élémentaires sont royalement ignorés par le colonisateur qui, pourtant clame partout liberté, égalité, fraternité. L’analyse que nous venons de faire est une option qui participe d’une volonté manifeste de prouver les propos que nous avançons, de les illustrer concrètement et chaque fois en restant dans le texte. Une telle démarche permet à l’étudiant d’avoir à sa portée une boîte à outils qu’il peut manier à sa guise. En réalité les exemples choisis montrent que les préjugés sont à chercher aussi bien du côté des Blancs que de celui des Noirs. Dès lors, on est amené légitimement à se demander si le préjugé racial n’est pas en chaque individu, une réaction naturelle face à l’autre que l’on vient de rencontrer pour la première fois.
Le mal serait de persister dans ses sentiments qui ne se vérifient pas toujours et de se croire supérieur, plus cultivé, plus heureux… Une vision aussi étriquée du monde peut conduire à des conflits ouverts sans fondement dont les retentissements peuvent, dans une large mesure, plonger des générations et des