Une socialisation particulière
L’enfant qui vient de naître est un être de nature. Par la socialisation il va devenir progressivement un être de culture, c’est-à-dire un individu capable de vivre en société et de choisir parmi un ensemble de normes et de valeurs celles qui lui paraissent les plus compatibles avec l’adulte qu’il désire devenir. Cependant ses choix ne sont pas complétement libres. Et pour cause, comme nous l’explique le sociologue Emile Durkheim, l’éducation d’un enfant est déterminée par la société dans son ensemble et par le milieu social en particulier.
La socialisation est un processus extrêmement précoce. La structuration de la personnalité de l’enfant débute dès sa naissance, dans sa famille, instance de socialisation la plus perceptible. Chaque enfant va recevoir au sein de sa famille un registre unique de valeurs, de modèles et de rôles.
Dans la noblesse et la grande bourgeoisie, la famille est donc au cœur du dispositif de reproduction sociale. En effet, la famille doit transformer cet être de nature en un futur héritier capable de gérer les biens matériels, les valeurs mobilières et le carnet d’adresse qui lui seront légués et qui sont la propriété de la lignée dont il est issu.
Les familles de la haute bourgeoisie vont alors s’atteler à transmettre à leurs enfants, non pas uniquement leur capital économique mais surtout leur capital culturel et social.
Le capital culturel, tout d’abord, se transfère de façon implicite, par la décoration et le mobilier des demeures. Mais aussi de manière explicite, par un effort constant de la famille afin d’éduquer les goûts et développer les connaissances de leurs enfants. Il se transmet donc en habituant l’enfant à vivre dans de grands appartements, des châteaux ou des propriétés en province, à avoir de belles voitures, et surtout en l’habituant à voyager à travers la France et à l’étranger. Ces expériences précoces influencent la structuration de son habitus. Il aura alors un