Un classique parce qu'avec Strindberg et Tchekhov, Ibsen est l'un des fondateurs du théâtre contemporain, en tout cas d'une grande part du théâtre que l'on voit aujourd'hui. Dans la mise en scène de Jules-Henri Marchant, cette " Maison de poupée " n'a pas pris une ride. On passe un peu plus de deux heures sans un instant d'ennui. D'emblée on est plongé dans le décor bourgeois fin XIXme de l'appartement de Torvald Helmer et sa jeune épouse Nora. Après des moments difficiles, la vie s'annonce sous les meilleurs auspices à la veille de Noël. Torvald va devenir directeur de banque. C'est sans compter le retour de Krogstad, un homme qui va se faire évincer de la banque mais qui a les moyens de faire chanter Nora. Par le passé, la jeune femme a fait un faux en écriture pour emprunter de l'argent destiné à faire soigner son mari en Italie. Voilà pour l'intrigue. Dans ce drame qui met en scène le quotidien avec sa banalité, ses moments d'humour aussi, l'histoire se développe avec efficacité. Mais l'essentiel est ailleurs et surgit peu à peu. L'essentiel est dans les rapports entre Torvald et son épouse. Il l'infantilise, elle fait tout pour lui plaire, jusqu'au jour où, un peu plus tard, elle fera craquer le vernis du couple ordinaire avec épouse soumise. Un jour Nora dira non et s'en ira. La fin de la pièce est théâtrale parce que soudain, Nora fait exploser la convention conjugale et sociale. Elle nous donne à voir l'envers du décor, une femme qui n'a pas été aimée pour elle-même mais pour le rôle que son mari lui a fait tenir.
Ibsen s'est défendu d'avoir écrit une pièce féministe, quoi qu'il en soit, la pièce garde toute son actualité. La mise en scène de Jules-Henri Marchant est discrète et efficace. Et ce qui fait le plaisir intelligent de cette soirée, ce sont les comédiens, une belle distribution pour commencer. Valérie Marchant donne ce qu'il faut de légèreté, de générosité, de séduction, de fausse-candeur et puis de détermination à Nora. Patrick Descamps qui