Tout d’abord, la passion impossible de Phèdre est causée par sa lourde hérédité. En effet, haïssant le Soleil, grand-père de Phèdre, Vénus, la déesse de l’amour, poursuit depuis des siècles maintenant une haine implacable envers sa lignée, conférant à Phèdre donc une aura tragique. Comme le démontre l’extrait qui suit, elle est maudite par la déesse : « Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachées : c’est Vénus tout entière à sa proie attachée. » Le feu qui brûle son corps et son âme n’est donc pas seulement le fruit d’une simple passion, mais bien le travail de Vénus qui œuvre à sa perte, persécutant sa proie, Phèdre, en la faisant tomber amoureuse de son beau-fils, Hippolyte. De plus, Vénus manipule la moindre émotion de la reine. Elle semble s’amuser avec elle en lui faisant changer, extrêmement rapidement, de registre passionnel. D’éperdument amoureuse (acte 1, scène 3) à repentante (acte V, scène 7), en passant par désemparée (acte II, scène 5) et jalouse (acte IV, scène 5), Phèdre est tellement dévastée par ces états qu’elle perd contrôle : « Où laissé-je égarer (…) mon esprit? Je l’ai perdu, les Dieux m’en ont ravi l’usage. » L’extrait précédent démontre que Phèdre est le jouet des Dieux, sous-entendant clairement plus particulièrement Vénus. Plus le récit avance, plus le lecteur sent que Phèdre s’abandonne complètement à Oenone, sa nourrice et confidente, et plus la perte de contrôle est marquée, avec des sentiments de plus en plus paradoxaux. Lorsque Phèdre déclare « ma faible raison ne règne plus sur moi, lorsque j’ai de mes sens abandonné l’empire » (acte III, scène 1), elle affirme clairement qu’elle a perdu tout discernement et toute maîtrise de ses désirs à travers le dérèglement des sens que lui fait subir la déesse. Bref, l’ascendance divine de Phèdre pousse Vénus à s’acharner sur elle. Elle n’est ainsi plus maîtresse de son comportement.
Ensuite, la fatalité qui joue contre Phèdre est plus forte que tout. La malédiction jetée sur la reine