Ténébreuses
Ca commence gentiment, par une employée municipale chargée de régler les successions; Marianne Flokesson est une brave personne, elle a à coeur de faire correctement son travail et met un point d'honneur à chercher au maximum à retracer la vie de Gerda Persson. 92 ans, une longue vie d'employée de maison chez les Ragnerfeldt. Elle fait de Kristoffer son unique héritier (de pas grand-chose en réalité). Mais pourquoi ? Quel rapport peut-il bien avoir avec elle ?...
A partir de là, on entre très progressivement dans une noirceur de plus en plus opaque et étouffante au fil des pages. Il y est question de réputation, des choix que l'on est amenés à faire au fil d'une vie, de folie, de renoncements, d'actes signifiants et de manquement, surtout. D'énormes, d'immondes, de terribles manquements, qui giflent les grandes idées et intentions, qui rabaissent l'intellectualisation à un rang presque minable, quand la perspective, fût-elle louable, fait oublier ceux qui sont là, autour, concrets et vivants.
Au premier tiers je me suis demandée si ça valait la peine de continuer, je voyais l'intrigue déroulée d'avance et il n'y avait guère de suspens possible. Je le termine en fait les joues en feu, c'est d'une puissance psychologique assez inouïe. Remuant, déstabilisant, bousculant. Un très bon roman