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L’auteur de ce fabliau composé au XIII° ; siècle est anonyme.
« Une vieille paysanne possédait pour toute richesse deux vaches. Ce n’était certes pas beaucoup, mais c’était là tout son bien. Elle vendait leur lait pour trouver de quoi survivre.
Un matin, les deux bêtes, sans doute mal gardées, fuirent leur enclos et se trouvèrent, à vagabonder sur la route. Le prévôt, passant par là, les vit toutes deux et, les jugeant égarées, il les emmena avec lui.
La malheureuse femme découvrît bientôt que ses deux bêtes avait disparu. Ses voisins la renseignèrent : le prévôt les avait recueillies mais il ne voulait pas les rendre. La malheureuse s’en alla trouver l’homme, elle le supplia de lui restituer son unique bien, elle accepta même de payer une amende pour prix de sa coupable négligence. Mais elle ne pouvait prouver que les vaches lui appartenaient, le prévôt fît la sourde oreille.
La paysanne s’en revint chez elle, désemparée. La voyant en grande peine, sa voisine lui dit :
« Le prévôt est un homme cupide. Si tu pouvais graisser la patte au chevalier, il interviendrait sûrement auprès de ce coquin et le convaincrait de te rendre tes deux vaches.
Voilà la vieille toute rassurée. Elle décrocha un épais morceau de lard suspendu aux poutres de sa cuisine et s’en alla attendre le chevalier. Quand celui-ci parût au loin, elle courût à sa rencontre : elle s’empara de ses paumes et y appliqua plusieurs fois le morceau de gras. L’homme ne dissimula pas sa surprise :
« Que fais-tu donc là ?
La pauvre femme lui répondît :
- Beau sire, je graisse votre patte car je ne souhaite rien de plus au monde que de récupérer les deux vaches que vôtre prévôt m’a injustement prises.
Le noble personnage éclata de rire et prît les courtisans de sa suite à témoins.
- Tu n’as pas compris, brave femme. Mais cela est égal, je te rendrai sur le champ tes bêtes !
Ainsi s’achève cette histoire. Mais ne l’avez-vous pas justement remarqué : le