Téléperformance
J’ai découvert que le travail tenait plus de la souffrance que de la dignité. Me prostituer pour gagner de l’argent, prostituer ma voix au téléphone, ras le bol. Marre du combiné qui vous agresse en raccrochant, marre de la voix aigue des secrétaires. Je pense qu’il ne devrait y avoir que des hommes au téléphone, avec leur voix si belle et si grave, une voix pleine qui prend la peine de se poser, qui vous caresse comme un murmure, une voix qui tapote au lieu que de pincer.Et puis dans cette vie de marche ou crève, je marche la marche de la mort, je suis la cadence ou me fais écraser, je me fais écarter ; sans travail sans argent, je me retrouve dans le fossé.
J’ai vécu ma première expérience professionnelle comme une agression. A quoi m'ont servi mes études si c'est pour être obligé de me lever à 7h du mat et regarder des programmes débiles à la télé pour essayer de me réveiller. Courir pour rattraper le bus, être bousculée dans la foule des travailleurs qui vont eux aussi gagner leur misérable vie. Et je me rappelle mon père qui n’a jamais voulu que je travaille pour ne pas que je me fatigue, qui m’a toujours dit qu’il fallait terminer mes études pour être prof à la fac et ne pas peiner toute ma vie comme lui l’a fait. les parents faisaient partie de cette époque, où faire des études