Tristesse
Tristesse
J’ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaieté;
J’ai perdu jusqu’à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.
Quand j’ai connu la Vérité,
J’ai cru que c’était une amie;
Quand je l’ai comprise et sentie,
J’en étais déjà dégoûté.
Et pourtant elle est éternelle,
Et ceux qui se sont passés d’elle
Ici-bas ont tout ignoré.
Dieu parle, il faut qu’on lui réponde.
Le seul bien qui me reste au monde
Est d’avoir quelquefois pleuré.
Poésies nouvelles, 1850
Commentaire composé
« Tristesse » est un poème extrait du recueil Derniers Vers, composé par Alfred de Musset, auteur du XIXe siècle (1810-1857) appartenant au mouvement romantique. L’auteur publie ce poème qui a comme thème l’égarement et l’amertume, en 1840, lorsqu’il a bientôt trente ans, et n’écrit plus beaucoup. Le sonnet composé sur quatorze vers de deux quatrains et deux tercets, offre à son lecteur une sorte de portrait de la vie émotionnelle et amoureuse de Musset. Se posent dès lors les questions suivantes : comment le poète parvient-il à nous donner ce regard assez touchant dans ses sentiments et quelle forme prend cette poésie si typique pour le romantisme? Pourquoi la présence de l’auteur ainsi que l’intention poursuivie par ce même sont-elles parmi les facteurs les plus importants à l’analyse de ce poème ?
Le poème a été écrit dans un contexte bien précis. La rupture avec George Sand. C’est ainsi que le titre « Tristesse » fait référence au sentiment de perte, de solitude voir d’isolement, de l’auteur. La vue pessimiste que pose Musset sur sa situation, conduit le lecteur tout au long de ce monologue. On a l’impression que le poète s’abaisse et se dévalorise fortement tout au long du texte en évoquant qu’il a perdu sa force, sa vie, ses amis et sa gaieté, pour finalement aboutir aux deux derniers vers :
« Le seul bien qui me reste au monde
Est d’avoir quelquefois pleuré ».
Musset est un auteur appartenant au mouvement romantique, ce qui