Transport
«Mondialisation» signifie deux choses : un nouveau jeu a été ouvert, par lequel les règles et les concepts fondamentaux de l’ancien jeu ont été déréalisés, même si l’on continue à le pratiquer. En tout cas, l’ancien jeu, qui porte de nombreux noms comme «Etat-nation », «société industrielle nationale », « capitalisme national », ou encore «État-providence national », n’est plus possible à lui seul. Ce jeu simple ressemblait grosse modo au jeu de dames, dans lequel les deux joueurs disposent d’un ensemble homogène de pions et de coups autorisés. La mondialisation, en revanche, a fait surgir un nouvel espace et un nouveau cadre pour l’action : la politique s’affranchit des frontières et des Etats, avec pour conséquence l’apparition de joueurs supplémentaires, de nouveaux rôles, de nouvelles ressources, de règles inconnues, de nouvelles contradictions et de nouveaux conflits. Dans l’ancien jeu, toutes les pièces se déplaçaient d’une seule et même manière. Dans le nouveau jeu pour le pouvoir et l’autorité - jeu qui n’a pas encore de nom -, ce n’est plus le cas. Les pièces capitales, par exemple, ont acquis une nouvelle mobilité semblable à celle du cavalier ou de la tour aux échecs il y a donc des différences radicales et des polyvalences notables dans la qualité stratégique des pièces et des coups. Mais surtout, les anciens et les nouveaux acteurs n’en sont encore qu’au stade où ils doivent trouver ou inventer eux-mêmes leur rôle et leurs ressources, c’est-à dire les définir et les construire. Si les nouveaux coups autorisés ne sont pas bien définis, les nouveaux buts du jeu le sont tout aussi peu.
Le transport des marchandises suscite moins d’intérêt que celui des personnes même si les problèmes de coûts, de temps, de pollutions ou de sécurité soulèvent de plus en plus d’interrogations. De fait, à l’inverse des flux financiers ou d’informations, les flux du commerce international ne sont pas immatériels mais reposent sur une organisation