Traduction en français de l'Internazionale - 25 octobre 2015
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La liberté d’émigration pour tous Selon la française Catherine Withol De Wenden, professeur à Sciences Po Paris et consultante à l’OCDE et au Conseil de l’Europe, la mobilisation pour faire reconnaître le droit d’émigrer et de manière générale les droits des migrants « est en train de prendre une ampleur comparable à celle qu’a pu représenter, à son époque, la campagne pour l’abolition de l’esclavage ». Quand, à la moitié du dix-huitième siècle, cette campagne eut ses premiers succès, il était relativement facile pour les hommes libres d’entrer dans un autre pays, et beaucoup moins de quitter le leur (c’est la raison pour laquelle furent créés les passeports). Aujourd’hui, il se passe le contraire. Alors que la chute du mur de Berlin a contribué à rendre scandaleux l’interdiction de sortir de son propre Etat, ce qui dure toujours en Corée du Nord et dans de rares endroits, les politiques sécuritaires et la culture de la peur ont rendu de plus en plus difficile le passage d’une frontière étrangère. Le résultat est que le droit d’émigrer, c’est-à-dire pas seulement de se déplacer mais aussi de projeter son propre futur et trouver sa propre place, est un des droits distribués de la manière la plus inégale. La chose est particulièrement difficile à défendre dans un monde dans lequel le travail est géographiquement divisé et où les marchés et les idées circulent librement. Si nous ne luttons pas contre cette injustice dans le futur, on pourrait se souvenir de nous comme nous nous souvenons aujourd’hui des complices des esclavagistes.
Giuliano Milani – Internazionale – 25 octobre 2015.