Tpe linhart
En moins de 200 pages, Linhart fait une description saisissante des conditions de travail de ces manœuvres et OS, ouvriers non-qualifiés des « trente glorieuses », pour beaucoup immigrés. Il y a d’abord la chaîne bien sûr et son indéniable aliénation.
Ce corps qu’il faut contraindre au rythme de l’usine, c’est une des premières surprises de Linhart. L’organisation « scientifique » du travail se révèle ici pour ce qu’elle est : une oppression totale, physique, morale et intellectuelle. Mais les hommes ne sont pas des machines, s’ils portent sur eux les stigmates de l’usine, ils n’en sont pas moins des êtres dont la liberté suffoque sous la dictature de la chaîne.
Linhart détaille avec beaucoup de sensibilité ces moments volés à l’usine : là c’est le temps gagné qui permet de s’offrir une pause, ici un poste au rythme soutenu mais qui offre l’avantage d’être un bon poste d’observation.
De cette vie qui suinte de la condition ouvrière, le militant Linhart cherche à tirer de quoi combattre. Et il y arrive malgré le règne de l’arbitraire hiérarchique, du racisme et du syndicat jaune maison, la CFT, qui ne rechigne pas aux bastons. Car ce livre est aussi un livre de lutte dans lequel Linhart raconte « sa » grève. Et pas seulement la sienne, mais celle de travailleurs radicalisés pour qui 68 a marqué le départ d’une insubordination ouvrière assumée : ici, la création d’un comité de base, « à côté » de la CGT, puis la grève « pour la dignité », dont