Thérèse est en effet un personnage de fiction, plus noir que ceux que Mauriac a pu créer jusqu’alors, plus invraisemblable, et pourtant tiré de la réalité, celle de la vie provinciale, enfermée dans les conventions, avec l’esprit étriqué de sa bourgeoisie, qu’elle soit catholique ou radicale. Au premier chapitre, Thérèse sort du palais de justice, dans la nuit. Elle a essayer d’empoisonner son mari mais est tout de même acquittée grâce à son mari qui a décidé de la sauver, pour évidemment entendre ses explications. Thérèse ne sera donc pas poursuivie par la justice, et pourtant, tous la savent coupable, son père M. Larropque qui est venu la chercher, son avocat qui l’accompagne, son mari… Pendant le voyage de nuit qui la ramène à Argelouse au milieu de la lande, Thérèse pense à sa vie passée et imagine l’affrontement inévitable avec son mari qu’elle a voulu empoisonner. Ainsi les chapitres II à VIII constituent une sorte de long monologue intérieur de l’intimité de la pensée de Thérèse. Thérèse prépare une longue confession, une sorte de mise à plat honnête pour essayer de comprendre pourquoi elle en est arrivée là, à lui administrer du poison avec bel et bien l’intention de lui donner la mort. Cette confession n’a pour but pour Thérèse, non pas de se faire pardonner, mais surtout de se faire comprendre par son mari, et aussi de se prouver a elle-même que face à un personnage aussi pathétique que son mari, on ne peut juger en mal son acte. Elle