Thérèse desqueyroux, de françois mauriac
La force de ce roman est d’abord qu'il ne tombe pas dans les attendus du genre : le suicide de Thérèse, l'empoisonnement du mari pour des raisons précises : cruauté explicite du mari, tentation d’adultère. Aucune raison n’est donnée à son acte ; Thérèse ne se l’explique pas bien elle-même.
On comprend cependant qu'elle aurait bien pu verser le poison dans son propre verre. Thérèse est un de ces êtres trop lucides pour croire en quoi que ce soit, même ou surtout pas en un Dieu.
Les commentaires éclairants qu'offre Jean Touzet dans l’appareil critique de cette édition du Livre de Poche nous montrent que Mauriac aurait aimé sauver son héroïne, la tirer vers la sainteté mais que la bougresse a résisté ou que l'auteur n’a pas su construire son récit de telle manière qu’elle se libère par la foi.
Le même Jean Touzet nous éclaire aussi sur la fin, qu’on pourrait croire ouverte, libératrice pour son héroïne. Il montre que la syllepse, cette figure de rhétorique qui consiste à glisser du sens propre au sens figuré, souvent employée par Mauriac, laisse entendre dans le dernier chapitre, le plus remarquable du livre, que Thérèse se perdra par la chair et ne trouvera pas la libération (du point du vue de l’auteur) qu'elle est cependant venue chercher dans la