Therese raquin
Ici, en comprenant les intentions l'un de l'autre, les deux époux «se firent pitié et horreur». Cette pitié réciproque se traduit par une «crise suprême» qui n'est pas l'occasion d'un repentir ni d'une rédemption qui les rendraient sympathiques au lecteur. Ils la subissent, comme le montre la construction de la phrase : c'est le mot «crise» qui est le sujet, tandis que les héros sont représentés par les pronoms compléments d'objet «les». L'emploi des pronoms personnels se fait aussi le reflet de cette réunion ultime : dans les paragraphes 2 et 3, on trouve quatre fois «les», huit fois «ils», une fois «eux-mêmes», une fois «eux» : les époux sont donc désignés collectivement, de même que le nom «les cadavres» les rassemble et les déshumanise à la fois dans le troisième paragraphe.
Dictée, non par le repentir, mais par l'impasse où se trouvent les meurtriers, la réconciliation est expliquée par la lassitude et du dégoût : «ils se sentirent tellement las et écœurés d'eux-mêmes, qu'ils éprouvèrent un besoin immense de repos, de néant».
Le point de vue du narrateur dans le paragraphe central révèle les sentiments des personnages de l'extérieur, au moyen de leurs gestes et de leurs attitudes, au début et à la fin du paragraphe : «Et brusquement Thérèse et Laurent éclatèrent en sanglots. Une crise suprême les brisa, les jeta dans les bras l'un de l'autre, faibles comme des enfants.» - «Thérèse prit