Theatre
Sujet : Phèdre est-elle coupable ou innocente?
La pièce de théâtre, Phèdre, représente l’apogée de l’œuvre tragique de Racine. Phèdre vient du grec « Phaédras » et signifie « la lumineuse » ou encore « la brillante ». Néanmoins, bien que telle, Phèdre est l’un des personnages raciniens les plus énigmatiques. D’ailleurs, les lecteurs se demandent souvent si Phèdre est maléfique, ou, tout au contraire, innocente des crimes qui lui sont attribués. En d’autres termes, Phèdre est-elle coupable ou innocente? Pour répondre à cette question complexe, nous démontrerons d’abord que Phèdre est coupable, puis vu d’un autre angle, nous mettrons en avant l’innocence de cet être déchiré, et, enfin, nous dépasserons ces deux jugements pour affirmer que Phèdre est une héroïne tragique.
Examinons, pour commencer, la culpabilité de Phèdre. À première lecture, il paraît évident que Phèdre est bel et bien responsable du mal qu’elle a causé. D’abord, elle est coupable au niveau des sentiments qu’elle éprouve. Son amour pour son beau-fils, Hippolyte, est effectivement un amour frappé d’un double interdit car incestueux et adultère tout à la fois. Citons, à titre d’exemple, la réplique de Phèdre dans la scène 3 de l’acte I, réplique dans laquelle Phèdre parle ouvertement à sa confidente de sa flamme coupable : « J’adorais Hippolyte » (v.285). La divinisation d’Hippolyte révèle ainsi non seulement l’intensité de cet amour interdit mais également la substitution d’Hippolyte au dieu même de l’amour, à savoir Eros. De plus, toujours dans la même scène, Phèdre se révèle odieuse puisqu’elle avoue sans détours avoir substitué à l’image du père celle du fils : « mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père ». La reine place donc le roi dans l’ombre de son beau-fils Hippolyte ! Cela met en exergue les troubles psychiques de Phèdre : en raison de son amour déplacé pour Hippolyte, elle le voit déjà trôner à la place de son époux Thésée.