Textes bac français
VIIAmer savoir, celui qu’on tire du voyage!Le monde, monotone et petit, aujourd’hui,Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image:Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui!Faut-il partir? rester? Si tu peux rester, reste;Pars, s’il le faut. L’un court, et l’autre se tapitPour tromper l’ennemi vigilant et funeste,Le Temps! Il est, hélas! des coureurs sans répit,Comme le Juif errant et comme les apôtres,À qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau,Pour fuir ce rétiaire infâme: il en est d’autresQui savent le tuer sans quitter leur berceau.Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine,Nous pourrons espérer et crier: En avant!De même qu’autrefois nous partions pour la Chine,Les yeux fixés au large et les cheveux au vent,Nous nous embarquerons sur la mer des TénèbresAvec le cœur joyeux d’un jeune passager.Entendez-vous ces voix, charmantes et funèbres,Qui chantent: «Par ici! vous qui voulez mangerLe Lotus parfumé! c’est ici qu’on vendangeLes fruits miraculeux dont votre cœur a faim;Venez vous enivrer de la douceur étrangeDe cette après-midi qui n’a jamais de fin!»À l’accent familier nous devinons le spectre;Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous.«Pour rafraîchir ton cœur nage vers ton Électre!»Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.VIIIÔ Mort, vieux capitaine, il est temps! levons l’ancre!Ce pays nous ennuie, ô Mort! Appareillons!Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre,Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons!Verse-nous ton poison pour qu’il nous réconforte!Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe?Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau!
Victor Hugo, Fonction du poète in Les Rayons et les ombres, 1840
Peuples ! écoutez le poète !Ecoutez le rêveur sacré !Dans votre nuit, sans lui complète,Lui seul a le front éclairé.Des temps futurs perçant les ombres,Lui seul distingue en leurs flancs sombresLe germe