Synthèse sur jeanne duval et baudelaire
Parfum exotique débute désormais le cycle consacré à Jeanne Duval, la compagne de Baudelaire. Dans l'édition de 1851, Baudelaire avait mis ici Les Bijoux, c'est par cette pièce que s'ouvrait le cycle des poèmes consacrés la Vénus noire. (Il s’achève avec « Je te donne ces vers… »XXXIX) Il s'agissait de Jeanne Duval. On sait mal le détail de son état-civil. Il semble établi qu'elle était fille de Jeanne-Marie-Marthe Duval, née à Nantes le 25 juillet 1789, et qui était elle-même fille d'une prostituée, Marie Duval. On ignore la date de sa naissance, mais elle était dans tout l'éclat de sa jeunesse vers 1840, lorsqu'elle jouait des rôles de soubrettes sur quelque petite scène de la rive gauche. Baudelaire lui-même la nomme dans un courrier à Ancelle (son curateur) Mlle Jeanne Lemer. Plusieurs indications concordantes placent en 1842 le début de la liaison qui se noua entre elle et le jeune Baudelaire. Elle était belle, avec une chevelure un peu crépue d'un bleu noir, des yeux immenses, un nez délicat, des lèvres d'un beau dessin, la taille longue en buste, une gorge magnifique. La voix, nous dit Nadar, était sympathique, bien timbrée, étonnante dans ses notes graves: « Tout cela, sérieux, un peu dédaigneux même. » On ne serait pas étonné qu'un moment elle ait tenu à distance le poète amoureux. Les premiers temps firent penser à Baudelaire qu'il avait trouvé le bonheur : « le seul être en qui j'aie trouvé le repos..., la seule femme que j'aie aimée », écrivait-il le 30 juin 1845. Mais à cette époque déjà les orages avaient commencé, et les cris, et les scènes violentes. On devine que Jeanne était infidèle, qu'elle laissait apparaître peu à peu la médiocrité de son cœur et de son intelligence. On devine aussi chez Baudelaire de cruels défauts de caractère. La liaison dura pourtant jusqu'en 1852. Il l'appelait: ma femme (C. G., I, p. 125).
Au mois de mai 1851, les deux amants décidèrent de vivre ensemble. Il ne fallut pas