sur tous types
Les femmes s’apprêtent à usurper le pouvoir à Athènes en siégeant déguisées à l’assemblée à la place de leurs maris. Gaillardine, en habit d’homme, répète devant ses compagnes le discours qu’elle s’apprête à tenir, pour faire remettre tous les pouvoirs aux mains des femmes.
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Gaillardine : […] c’est aux mains des femmes, vous m’entendez, qu’il nous faut confier l’Etat.
Après tout, c’est bien à elles que nous donnons l’emploi, dans nos ménages, d’avoir la haute main sur la gestion.
Toutes : Bravo ! bravo, ma foi ! bravo ! Vas-y ! vas-y ! tu es un as !
Gaillardine : Elles savent mieux se conduire que nous, et je vais le prouver. Pour commencer, elles essorent leurs laines à l’eau tiède ¹, selon l’antique usage, toutes, tant qu’elles sont. On ne
5 les voit pas risquer des innovations. Et ce qu’il pourrait y avoir qui marche bien à Athènes, ne serait-ce pas le salut pour la Cité que de ne pas s’évertuer à fabriquer de l’inédit pour le changer ? Elles s’accroupissent devant leur gril, comme dans le temps ; elles portent les fardeaux sur la tête, comme dans le temps ; elles célèbrent les Thesmophories², comme dans le temps ; elles font cuire leurs gâteaux, comme dans le temps ; elles font la vie intenable à leurs
10 maris, comme dans le temps ; elles ont des amants chez elles, comme dans le temps ; elles s’achètent des friandises en cachette, comme dans le temps ; elles aiment le vin bien corsé , comme dans le temps ; elles ont le plaisir à se faire tisonner comme dans le temps. Allons,
Messieurs, remettons l’Etat entre leurs mains à elles ; inutile de palabrer³ et de nous demander ce qu’elles vont faire : laissons-leur tout bonnement le pouvoir. Songeons seulement qu’elles
15 ont des fils, et que, primo, leur grand désir sera de ménager la vie de nos soldats ; secundo, pour les vivres, qui mieux qu’une mère de famille en hâterait l’acheminement ? Pour faire venir l’argent, il n’y a pas