suprématie beauvoir
Le texte proposé est un extrait du récit autobiographique La Force des choses, écrit par la philosophe Simone de Beauvoir et publié en 1963. Elle y raconte son premier voyage aux Etats-Unis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Malgré leur sensibilité communiste, Simone de Beauvoir et son compagnon, le philosophe Jean-Paul Sartre, sont fascinés par « la terre d’où est venue la délivrance. » L’auteur évoque dans son texte l’immédiat après-guerre. Le conflit a confirmé la position de leader économique mondial des Etats-Unis et le déclin des puissances européennes. La guerre y stimulé la croissance. En outre, le texte est publié en 1963, et entre les deux dates, celui de la visite et celui de sa publication, le rôle des Etats-Unis dans l’économie mondiale s’est encore affirmé. Les Américains ont, d’ailleurs, financé la reconstruction de l’Europe à l’aide du plan Marshall et la dépendance économique de celle-ci s’est encore accrue.
Ce court extrait concentre de nombreux aspects et facteurs de la puissance des Etats-Unis. Cette « patrie du capitalisme » est une société de consommation caractérisée par une « abondance », une « luxuriance » de biens qui « bouleversera » l’auteur, car elle dépasse largement celle de l’Europe. La ville américaine décrite par Simone de Beauvoir fascine. Elle évoque aussi l’avance technologique des Etats-Unis, notamment dans le domaine nucléaire. Cette avance se traduit aussi dans sa capacité à maîtriser les longues distances caractéristiques du territoire « en avion, en train, en auto, en Greyhound », à commencer par la traversée de l’Atlantique en avion ce qui est à l’époque encore un « exploit. »
Quelques facteurs explicatifs se dessinent dans le texte. Ce territoire immense, base de cette puissance, est évoqué dans toute sa variété « des neiges du Niagara aux déserts enflammés de l’Arizona. » C’est « l’infini des