Supplement au voyage de bougainville
La liberté des moeurs tahitiennes s'impose d'emblée ; elle apparaît des le premier chapitre quand B rappelle le comportement d'Aotourou qui s'apprête à "faire la politesse d'Otaiti" à toutes les femmes qu'il croise. C'est ensuite le vieillard qui décrit avec précision les moeurs de Tahiti, la sexualité omniprésente des individus et son caractère public. L'accueil qu'Ourou réserve à l'aumônier relève de la même liberté puisqu'il offre ses filles et sa femme. Ce point nourrit l'essentiel de l'entretien des deux personnages : l’aumônier refuse une liberté sexuelle qu'il voit comme tentation, mais, après une première nuit passée avec une des filles il passe les suivantes avec les autres femmes de la famille, y compris, "par honnêteté" p80 avec la femme d'Orou elle même.
La négation de la propriété
Si les Tahitiens connaissent une telle liberté dans leur sexualité c'est qu'ils refusent toute propriété d'un être humain sur un autre. Mari et femme ne s'appartiennent pas et peuvent se séparer quand bon leur semble. L'échange entre l'aumônier et Orou présente cette séparation comme logique et la plus naturelle : Orou définit le mariage tahitien comme "le consentement d'habiter une même cabane et de coucher dans un même lit, tant [qu'ils s'y trouvent] bien" autrement dit comme un consentement temporaire. Cette conception du mariage s'appuie sur le principe fondamental selon lequel aucun être humain ne peut être "la propriété d'un être semblable à lui". Par comparaison, le mariage dans l'Europe civilisée apparaît comme un esclavage.
II/ Une critique de la civilisation
Une sexualité civilisée ?
La sexualité est donc le moment d'une virulente critique de la prétendue civilisation ; les moeurs sexuelles européennes évoquées par l'aumônier paraissent bien inférieures à la liberté tahitienne. La sexualité civilisée est marqué par l'interdit et la culpabilité, soumise à une série de règles et de codes qui la briment. Lorsque A demande si mariage,