Sujet d'invention
Vous savez, je pense que la littérature est comme une œuvre d'art. Penser la littérature, penser une œuvre d'art, cela revient en quelques sortes au même, non ? Mais d'abord, qu'est-ce que la pensée ? Je parle de la pensée intelligente bien sur, pas de la pensée mécanique. Le fait que deux plus deux fassent quatre, ça tout le monde le sait, et on s'en fiche. (On entend des rires. Les élèves écoute leur professeur. Le silence revient, plongeant la salle dans un silence religieux. Le professeur est un de ceux qui se moquent de finir le programme ou non, à la fin de l'année. Ce qu'il veut, lui, c'est que ces élèves sortent de son cours moins stupides, et surtout, qu'ils s'interrogent.) La pensée est une représentation psychique, un ensemble d'idées propres à un individu, une façon de juger, une opinion, mais aussi un trait de caractère. Comme le disais si bien Descartes, « cogito ergo sum », « je pense donc je suis ». Vous ne pouvez pas vivre sans penser, comme vous ne pouvez pas comprendre une œuvre sans la penser. Et si vous n'assimilez pas une œuvre, vous ne pouvez pas assimiler la littérature. Une œuvre, on l'analyse, on la décortique, élément par élément, et si on ne comprend pas, on réitère. On analyse, on décortique, on cherche. On sait ou on ne sait pas. Si on comprend, ce qui peut prendre des mois, voire des années, alors on cherche à comprendre autre chose, à penser autre chose, de plus complexe, de plus mystérieux. Et si on ne comprend pas, on cherche encore, on persévère.
Vous savez, la lecture n'est pas seulement un loisir, c'est aussi une façon de s'évader, de rêver d'un ailleurs. (Certains élèves ont le regard perdu. À quoi pensent-ils ? À quoi rêvent-ils ? Ce sont toutes les questions que se pose le professeur, parmi des centaines d'autres.) D'ailleurs je me